Fondée à la fin des années 1980 par le Dr. Carlos Jara, la Collection d'ArtJara-Michel représente un trésor culturel d'une ampleur exceptionnelle.

Remontant aux années 1940, les œuvres qui la composent forment l'une des plus vastes collections d'art d'Amérique latine et des Caraïbes, rassemblant plus de 5000 pièces signées par des maîtres de l'art caribéen. Le Dr. Jara, originaire du Chili et exilé à Port-au-Prince en Haïti à la fin des années 80 sous le régime de Pinochet, a transformé sa demeure en un véritable épicentre culturel, où se tenaient salons littéraires et artistiques.

Tissant des amitiés profondes avec d'éminents artistes haïtiens ainsi que de jeunes innovateurs, il a su constituer une collection d'une envergure substantielle. Après son décès, son épouse, l'héritière, a pris en charge la collection, la ramenant à Montréal et Miami, organisant de discrètes expositions.

La Collection d'Art Jara-Michel revêt une importance cruciale à tous les niveaux, du local à l'étatique, jusqu'au plan national.

Rassemblée par un médecin chilien ayant trouvé refuge en Haïti, cette collection est le fruit d'une existence multihybride et polymathe, guidant son propriétaire vers l'intimité des peintres les plus éminents de l'île. Certains d'entre eux, honorés par André Malraux dans son ouvrage fondateur qui englobe ce qu'il considère comme l'art le plus essentiel de l'histoire de l’humanité "L'Intemporel", ont acquis une notoriété discrète à l'échelle mondiale, au point que Malraux remplaça son chapitre prévu sur El Greco pour consacrer cette place à une sélection de maîtres de la peinture haïtienne.
L'essence de la collection du Dr. Jara acquiert ainsi une sorte de statut mythologique, car certains des peintres clés de l'île y occupent une place prédominante et significative. Cette compilation d’oeuvres du collection incarne de façon
tangible et symbolique ce que Malraux avait décrit comme l'héritage humain vital d'objets culturels destinés à prendre leur place dans le musée imaginaire, le sanctuaire ultime de l'art qui perdure au-delà des murs du musée, dans les échelons ultimes de ce que nous considérons comme les beaux-arts de la production culturelle. «Le musée imaginaire »- un espace consacré à l'agrégation des contributions humaines les plus fondamentales dans le domaine de l'expression artistique, que ce soit à travers la peinture, la sculpture, les objets d'art ou les artefacts, et au-delà. Une veritable incarnation de ce que nous pourrions envisager comme intégrale à une partie de la mission de ce que deviendra la collection, à savoir - Le Musée des Arts Libres des Amériques et du Monde.

Malraux, dès les années 1940, avait déjà intégré plusieurs artistes que nous désignons aujourd'hui dans la Collection Jara-Michel.

Sa conception du "musée imaginaire" visait à remettre en question la notion, de plus en plus affirmée de nos jours, du "questionnement du musée" dans notre culture contemporaine. II est manifeste qu'il est hautement pertinent d'examiner attentivement ces précieuses œuvres d’art et à poursuivre le dialogue amorcé par Malraux et bien d’autres*, qui avait déjà préfiguré ce qui est aujourd'hui devenu populaire sous le terme de "décolonisation du musée”.
Cependant dans le cas particulière de notre collection, la mission qui nous anime prend son départ dans une direction
opposée.

Nous sommes des penseurs et fondateurs, membres d'une minorité visible, liés à la «global majority» et au Sud global, que ce soit par nos origines ou notre parcours de vie, ayant soit immigré enfants ici ou fait de Montréal notre terre d'adoption.
Nous sommes les véritables instigateurs de la naissance du musée et de l'élaboration de sa collection. Qu'en serait-il de concevoir un musée qui, dès son origine, délaisse les méthodes de collecte héritées de l'époque coloniale?

Un musée qui privilégie d'emblée des approches relationnelles et réciproques pour appréhender la complexité de la création artistique, sans favoriser de manière exclusive un courant de pensée particulier. Un musée qui explore les liens essentiels entre l'éthique et l'esthétique dans la réflexion critique de l'histoire de l'art et des relations humaines.Une mission qui, dès l'avènement de leur mandat, se voient confier le projet essentielle d'adopter une tabula rasa dans notre regard sur l'histoire de l’art et l’histoire de pensée qui démarre avec des paradigmes nouveaux et souvent négligés. Nous partons d'une table rase d'une conception originale de pensée et de réalisation artistique sui generis. , sans nous appuyer sur une institution existante que 1 nous tenterions frénétiquement de réparer.

Clayton Windhatt dans le projet de loi historique S-208, Loi concernant la déclaration sur le rôle essentiel des artistes et de l'expression créative au Canada (2022), a parlé de l'importance d'un ensemble d'inflections autonome et souverain (forme souveraine d'écosystème interne et intra) fonctionnant
Voir notre document qui aborde l’idée d’un “art libre”. 1 indépendamment des institutions grand public dirigées par des membres de la population majoritaire.
"Je suis conscient(e) que de nombreux programmes gouvernementaux ont commencé à intégrer des moyens de fournir de nouvelles formes de soutien et de ressources pour les actions actuelles. Cependant, je considère qu'ils sont presque inadéquats lorsque l'on prend en compte les taux d'inflation, le coût croissant de la vie et les déséquilibres de pouvoir, car de nombreux groupes marginalisés qui cherchent à avoir une influence doivent construire un soutien au fil du temps, tandis que la majorité des grandes organisations artistiques au Canada sont déjà bien établies. Alors que les organisations existantes peinent à trouver des moyens d'accroître l'inclusivité au sein de leur personnel, de leur conseil d'administration et de leurs bénévoles, et tentent de comprendre les différences de langues, de culture et de visions du monde, les besoins de divers groupes marginalisés continuent d'être ignorés en dehors de ces organisations.Dans l'ensemble, notre objectif est de trouver des voies de bénéfice mutuel, de respect et de créer des espaces de réciprocité. Je pense que c'est quelque chose vers quoi la plupart, voire la totalité d'entre nous, aspirons, car mener ce travail est louable. Cependant, je ne veux pas que le travail au sein de ces grandes institutions occulte d'une manière ou d'une autre la nécessité de l'auto-représentation au Canada et le besoin pour les groupes d'avoir la capacité de se présenter dans le contexte de leur propre communauté et de leurs pairs. Il existe un grand besoin de transférer des ressources aux groupes et organisations sous-représentés afin que, avec le temps, une agence puisse être développée et stabilisée dans des conditions mutuellement bénéfiques. C'est également une mesure clé de succès pour les groupes qui ne sont pas représentatifs des communautés sous-représentées, car avoir des groupes de représentation agissant en dehors des grandes institutions crée essentiellement des niveaux plus élevés de surveillance et instaure un environnement de réseaux de pairs qui peuvent se tenir mutuellement responsables” traduction La quintessence de cette collection réside dans l'action d'un commissaire et homme de culture (Carlos Jara) transcendant les frontières, ayant assemblé cette collection d'une envergure mondiale.

Celle-ci réunit de nombreux artistes d'une qualité indéniable, demeurés jusqu'à présent dans l'ombre malgré les préconisations de Malraux dès les années 1940. Il les avait alors reconnus comme des figures essentielles pour l'humanité, dans la réflexion sur leur héritage artistique et leur production.
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En 2022, Emeraude Michel, héritière de la collection (épouse du défunt Carlos Jara), ainsi qu’actuelle gardienne et propriétaire de cette précieuse collection, prend contact avec le commissaire James Oscar.

James Oscar, commissaire, critique d'art et ancien chercheur anthropologique à l'Institut national de la recherche scientifique, est devenu le co-directeur/ commissaire en chef, insufflant une nouvelle vie à la collection. Fort de son expérience préalable dans des projets de consultation, de commissariat et de présentations pour des institutions prestigieuses telles que le Musée des beaux-arts de Montréal, le Musée McCord, SRI ICI Télé Radio Canada, le Centre Canadien d’Architecture, la Canadian Art Foundation, la Canadian Museums Association et l'Art Gallery of Ontario, il fut sollicité pour évaluer les potentialités d'évolution de cette collection d’exception. Dès son évaluation initiale, il devient évident que cette collection incarne un précieux patrimoine, à la fois pour le peuple haïtien et pour une plus vaste narration culturelle et artistique à travers l'histoire jusqu'à notre époque.

En pénétrant dans la cave qui abrite une grande partie de cette collection, M. Oscar fure sidérés par la découverte d'une collection d'art dont l'importance rayonnait à l'échelle planétaire de manière plus qu'évidente. Au fil de divers dialogues en expansion avec une équipe en formation, il devint clair que cette collection elle-même, en termes réels, incarnait un noble patrimoine immatériel, non seulement pour le peuple haïtien, mais également pour repenser les récits de production culturelle et artistique, ainsi que la production de connaissances à travers l’histoire jusqu’à notre présent. Il était également évident que le dialogue stimulé par une telle collection revêtirait une importance locale, provinciale et nationale.M. Oscar suggéra que ce dialogue critique et cette réflexion suscités par la collection renvoyaient de manière plus générale à la prolifération actuelle de la question de ce qui constitue l'art au-delà des limites de la représentation occidentale, une conversation qui prévaut à l'ère de la production artistique et culturelle, dont l'impact mondial est devenu la question la plus cruciale de notre
temps.

Ainsi, dans ce sens, posséder une collection qui constitue non seulement l'essence même de la conversation que nous avons décrite ci-dessus, ainsi que d'objets culturels physiques réels, qui permettrait d'inculquer ce dialogue au-delà
du simple imaginaire, offrant au public un véritable espace-temps pour plonger non seulement dans les objets culturels (peintures, sculptures, etc.) eux-mêmes, mais également dans les dialogues et les constellations qui peuvent émerger de cette collection avec d'éminents artistes du passé du monde entier, ainsi que dans les corrélations et la richesse des dialogues à entretenir avec les
artistes contemporains du monde entier.

Cette collection déclenche un dialogue essentiel sur la redéfinition de l'art au-delà des frontières de la représentation occidentale, une question cruciale à notre époque de production artistique et culturelle. Posséder une telle collection, tangible et riche de significations, offre au public un espace réel pour plonger dans les objets culturels, ainsi que dans les dialogues artistiques passés et contemporains à travers le monde.
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Depuis 2022, des bases solides ont été posées, notamment l'incorporation de la collection en tant qu'organisme à but non lucratif, le recrutement d'administrateurs, et les premières étapes de la prospection pour des expositions d'envergure mondiale et locales.

Des voyages prospectifs ont été entrepris à Mexico, Oaxaca, Rio de Janeiro, Salvador de Bahia, Berlin, Venise, Milan et Paris pour organiser des expositions. Des consultations ont également été engagées avec des maisons de vente aux enchères pour guider les démarches de vente ou d'évaluation d'œuvres. En matière de développement, James Oscar, fort de ses 25 ans de connexions internationales dans le monde de l'art, a fait progresser la Collection Jara-Michel. Deux expositions sont déjà confirmées pour 2024, notamment à la Semaine de l'Art mexicain, dans le cadre de la foire Salon Acme, mettant en avant une nouvelle addition contemporaine à la collection, Samuel Saboia, l’actuel “Basquiat de Brésil” en dialogue visuel avec le travail de Lafortune Felix présent dans la collection. Notons également que James Oscar s'emploie à enrichir la collection avec de jeunes artistes contemporains talentueux, issus de l'Art Brut et de l'Art Naïf, en passant par différents artistes mondiaux, ainsi que des artistes occidentaux négligés et l'art des femmes et des groupes traditionnellement exclus de toute reconnaissance esthétique dans les sphères muséales mainstream. Contrairement aux pratiques des institutions culturelles locales, provinciales et nationales dirigées majoritairement par des personnes de descendance européenne, nous ne reléguons pas les artistes non-canoniques et non-occidentaux en périphérie d'un centre toujours occupé. Notre vision d'un musée commence avec ces œuvres exclues au cœur même de notre institution, résolument différente, inversant complètement la donne pour un rétablissement total.
Il devint donc évident qu'un lieu physique serait la mission ultime à émerger de l'existence de cette collection. Dans ce sens, un espace physique, un musée si vous voulez, offrirait un lieu propice à la connexion avec les objets, à
l'introduction d'autres artistes et collections d'importance, et plus généralement à être le seul espace de ce type au Canada où la genèse et la raison d'être d'un musée se rapportent à ces questions de décolonisation. Avec des milliers d'objets de la culture contemporaine, agissant comme une plateforme pour des dialogues aussi rares de nos jours, de tels rassemblements culturels sont peu courants au sein d'institutions culturelles de renom.

Ce récit passionnant se poursuit avec des étapes à venir cruciales, notamment la création d'un conseil d'administration, la recherche de financements pour la recherche et la création d’expositions, et l'obtention de fonds pour la conservation et l'exploration de nouvelles solutions de stockage pour cette collection exceptionnelle. Depuis 2022, de grandes réalisations ont été accomplies, ouvrant la voie à un avenir prometteur pour la Collection d'Art Jara-Michel.
Actuellement, nous explorons avec enthousiasme des solutions numériques pour présenter notre collection au public en amont d'un site physique permanent. Notre objectif n'est pas de créer un musée virtuel en tant que tel, mais plutôt de solliciter de l'aide pour trouver des solutions numériques, telles que des sites web et des technologies innovantes comme le metaverse, une application, ou toute plateforme numérique émergente. Nous avons déjà entamé des discussions avec un studio à ce sujet. Notre but est de transmettre efficacement la connaissance profonde intégrée dans ces œuvres pour offrir de nouvelles perspectives à ceux moins familiers avec l'art issu de divers horizons moins explorés.
Missions de la Collection Jara Michel et du
Musée des Arts Libres des Amériques et du Monde
(MALAM)

Mission 1
Créer un Lieu de Rassemblement Culturel/Point de
rassemblement et Refuge Culturel
Offrir un espace esthétiquement plaisant où les gens
peuvent échapper à la vie quotidienne et se retrouver
dans la beauté, le calme et la quiétude.
Proposer des pratiques de guérison/sacrées et
des expositions axées sur le "soin" et la guérison.

Sous-section 1:
Vocation Publique et Environnement Apaisant
Présentez le caractère public et apaisant de l'espace
physique de la collection, invitant à l'évasion de la vie quotidienne.
Sous-section 2:
Accueil et Expérience Non Intense
Détaillez la représentation de la collection dans la salle
d'accueil et proposez des pratiques de guérison
intégrées aux expositions.
Sous-section 3:
Encourager les Rencontres entre Visiteurs
Mettez en avant l'espace comme lieu de rassemblement favorisant les rencontres entre visiteurs
et la mise en relation des pratiques sacrées.

Mission 2
Célébrer l'Art Haïtien et les Amériques

Sous-section 1:
Mettre en Avant les Artistes Méconnus
Soulignez l'importance de présenter des artistes
souvent négligés dans les autres musées et leur rôle
dans la représentation des Amériques.

Sous-section 2:
Mettre en Relation Passé et Contemporain
Expliquez comment le musée juxtaposera des artistes
anciens et contemporains pour illustrer les influences
et les évolutions artistiques.
Sous-section 3:
Mettre en Lumière les Diversités Culturelles
Évoquez l'intention de représenter diverses cultures
des Amériques et d'incorporer des artistes provinciaux
ou nationaux qui explorent des thèmes spécifiques.
Mission 3
Favoriser les Connexions Internationales

Sous-section 1:
Tisser des Relations Transnationales
Décrivez la volonté d'établir des collaborations et des
échanges avec d'autres institutions et centres culturels
du monde entier.
Sous-section 2:
Être un Centre d'Information et de Réseau
Parlez de l'objectif de devenir un agrégateur
d'informations et d'établir des liens avec des
organisations culturelles similaires.
Sous-section 3:
Utilisation de Nouvelles Technologies
Expliquez comment les nouvelles technologies seront
exploitées pour favoriser les échanges et la
communication.
Mission 4
Préserver et Partager les Connaissances

Sous-section 1:
Créer une Archive des Œuvres et des Penseurs
Présentez l'intention de créer une archive non
seulement des œuvres, mais aussi des travailleurs et
penseurs culturels des Amériques.
Sous-section 2:
Collaborations avec d'Autres Archives
Expliquez comment le musée collaborera avec d'autres
archives pour aller au-delà des approches normatives
de l'histoire de l'art.
Mission 5
Fournir un Espace pour les Communautés

Sous-section 1:
Créer un Quatrième Espace Accueillant
Décrivez comment l'espace du musée sera conçu pour être un lieu de détente esthétiquement plaisant pour les réunions communautaires.

Sous-section 2:
Accessibilité aux Archives
Présentez l'accessibilité partielle des archives sur rendez-vous pour encourager l'exploration.
Mission 6
Participer aux Acquisitions

Sous-section 1:
Engagement Actif dans les Acquisitions
Détaillez l'engagement du musée dans l'acquisition d'œuvres artistique


La collection, d'abord en tant que "point de rassemblement", devient un lieu où voir et se retrouver du fait même de son caractère culturel. Dans ce sens, et dans l'esprit de ce que l'on appelle les "quatrièmes espaces" ou "places de détente" à Montréal, tout espace physique aurait d'abord une vocation publique en tant que destination où les gens peuvent échapper à la vie quotidienne pour trouver refuge dans la beauté, le calme et
la quiétude. L'espace physique de la Collection Jara Michel aurait une telle vocation - d'abord un refuge. Notre salle d'accueil serait une représentation de notre collection, invitant à une expérience non intense. Ce serait notre zone d'accueil où se concentrerait le rassemblement. Nous pourrions y proposer des pratiques de guérison/sacrées qui peuvent ne pas être familières au public montréalais et les intégrer à des expositions qui parlent de "soin" et de guérison. Les artistes Guadulupe Maravilla et Nep Sidhu (de Toronto), qui ont récemment initié une exposition axée sur la communauté au célèbre Victoria and Albert Museum de Londres, où des non-membres de la communauté découvrent de nouvelles formes artistiques liées au bien-être. Ce point de rassemblement ne doit pas être un environnement précipité, mais un endroit où l'on peut passer la journée, les soirées, et être immergé dans un environnement magnifiquement immersif entouré d'œuvres de notre collection ou de nouvelles acquisitions d'artistes anciens et/ ou contemporains. Il existe un inventaire important d'artistes visuels du passé en dehors de l'Occident qui correspondraient très bien à ce premier sous-ensemble de notre futur musée. Des œuvres d'art visuel en adéquation avec les pratiques sacrées invitant les visiteurs à rencontrer d'autres visiteurs. Un espace de rassemblement également au sens où il amène le cœur des communautés dans un musée, avec une large section de personnes âgées et jeunes provenant de communautés de couleur.

Le deuxième objectif d'un futur musée serait d'être un centre reconnaissant la contribution cruciale que l'art haïtien a apportée à sa propre patrie, mais aussi à la façon dont il représente la notion des Amériques. Nous serons un mode continu d'exposition et de réflexion pour comprendre la notion des Amériques. Des artistes négligés comme Zéphirin ou Stevenson Magloire et leurs contemporains d'autres pays non occidentaux d'abord dans les Amériques, puis à l'étranger. Mettant en avant en permanence un flux constant d'artistes majeurs qui, malheureusement, ne sont pas exposés dans les autres musées de la ville, sauf de temps en temps en tant qu'exceptions. Des artistes emblématiques
récemment disparus comme Francisco Toledo ou des contemporains toujours actifs comme Sergio Hernandez, ou en regardant un nouvel artiste contemporain comme Gabrielle K Brown juxtaposé à l'art occulte européen du Moyen Âge et ensuite voir ses rapports avec l'imaginaire visuel d'un artiste comme Frantz Zéphirin. Le hub serait d'abord et avant tout un centre pour les Amériques, incluant beaucoup le Québec et le Canada dans cette définition, et incorporant même des artistes visuels provinciaux ou nationaux dont la pratique parle des mythologies, de la géopolitique, de la fantasmagorie réaliste magique, des cultes religieux et d'autres paysages intérieurs
spécifiquement construits qui parlent de l'imaginaire des Amériques, comme l'ont fait les écrivains tels que Frankétienne, Eduardo Galeano, Glissant, Aimé ou Suzanne Césaire, Louisiana Fleurant ou les Brésiliens comme Arjun Martins, ou la nouvelle génération exceptionnelle d'artistes alchimistes ultimes qui repoussent les imaginaires des Amériques et au-delà comme Your Cruz, IIgi Lọ́lá Ayedun, Samuel Saboia ou les talents locaux comme Miles Greenberg, Rajni Perrera, Clovis Desvarieux, Mario Benjamin, Naudline Pierre, Hervé Telemaque, et même la sensation révélatrice Firelei Baez ou un Patrick Villaire récemment exposé à Paris à la Fondation Cartier, et comment toutes ces œuvres fondamentales passées et contemporaines sont considérées et comment elles interfèrent et dialoguent avec notre collection. Malheureusement, une grande partie de l'art visuel "moderniste", "post-moderniste" et "contemporain" vraiment critique d'autres cultures que l'Occident n'est pas mise en avant dans une ville qui connaît une immigration non occidentale en forte croissance. Dans ce sens, si nous invitons un artiste contemporain renommé comme Kader Attia. L'espace d'Attia, La Colonie, se présente certainement comme un exemple d'institutions nouvelles alternatives qui fleurissent dans le monde, certaines pour discuter des implications du monde esthétique nouvellement reconfiguré dans un monde mondialisé consolidé. Mon propre travail sur ce que j'ai nommé "la nouvelle région du monde" en clin d'œil à la notion de "nouvelle région du monde" de Glissant, parle directement de la visualité critique et de l'imaginaire de notre vie dans les Amériques. Nous souhaitons aller au-delà de l'engagement et de la connexion avec d'autres citoyens simplement à travers la nourriture et la musique, la Collection Jara Michel et bientôt le Musée des Arts Libres des Amériques et du Monde (le MALAM). La longue liste de ce qui n'est tout simplement pas servi dans les musées de Montréal est longue, commençant par toute l'histoire des "autres modernités" en Haïti, au Sénégal, en Iran, en Somalie, en Inde, par exemple - sites d'ancrage profond dans la pratique artistique à l'époque et à la déférence des errances de l'Occident à travers les privations et l'aliénation de la modernité. Nous souhaitons créer une institution, travaillant d'abord de manière nomade à l'échelle locale, nationale, mondiale, qui parlerait de la pratique artistique visuelle et perceptive et de la pensée contemporaine sociale et
philosophique d'ailleurs, et qui n'a toujours pas trouvé d'espace pour participer à ce dialogue nécessairement critique. Voir Mutumba, voir l'expression créative. Une autre mission cruciale pour la collection, même avant sa naissance dans un espace physique, est que la collection et son entité soient un lieu virtuel et ensuite réel d'agrégation de divers acteurs locaux, nationaux et mondiaux. Ce que l'on entend ici, c'est que dans nos observations, l'une des plus grandes opportunités manquées à Montréal et parfois à travers le Canada a été un organisme qui, parmi ses mandats, est un lieu d'agrégation d'autres organisations culturelles similaires, de centres et de musées, ainsi que d'informations. Dans un premier sens, le monde de l'art contemporain, de la performance et de la réflexion étant nécessairement un écosystème mondial et comme nos artistes se plaignent de ne pas avoir les bonnes "connexions" avec les réseaux internationaux, l'un des objectifs de la Collection Sara Michel sous les auspices du MALAM sera de commencer à tisser des relations et des échanges transnationaux entre différentes entités. En tant que personnes de couleur présentes dans la diaspora mondiale, notre propre compréhension du "contenu canadien" doit nécessairement inclure les pays de nos parents, et donc, dans ce sens, quelles sont les toiles importantes qui peuvent être tissées et qui existent déjà latentement d'ici au reste du monde dans le domaine de l'art contemporain, de la performance et de la pensée. Cette sorte d'approche est très courante dans le monde de la danse contemporaine à Montréal, puisque la survie des danseurs dépend de leur participation à des festivals mondiaux, tandis que notre propre cadre des arts visuels peut souvent travailler dans les paramètres locaux, provinciaux et nationaux. Une génération auparavant, au moment de Parachute de Chantal Pontbriand, le réseautage international et l'activation de l'agrégation par les organisations culturelles étaient beaucoup plus répandus. Par exemple, comment une maison de la culture pourrait-elle se lier à un projet similaire à Rio de Janeiro, où le gouvernement propose des espaces gratuits aux artistes.

Comment un musée particulier peut-il concevoir des expositions avec d'autres musées, ce que nous avons vu un peu, mais plus au niveau des expositions à grand succès. Comment un groupe de réflexion particulier sur l'art contemporain peut-il se connecter à un autre basé à Port-au-Prince ou à Berlin ou à Paris ou en Argentine. Les configurations pour le réseautage sont vastes et il y a beaucoup de place pour un tel déploiement des écosystèmes locaux à mondiaux dans les arts visuels, de la même manière que les scènes de musique indépendante à Montréal sont liées à d'autres scènes de musique indépendante et à leurs lieux dans le monde. Dans ce sens, le MALAM agira en tant que monade centrale à partir de laquelle partent des lignes vers divers regroupements nationaux et mondiaux de la pensée contemporaine, des centres culturels et des musées. Les lignes vers ce réseau mondial inexploité ne seraient pas seulement celles qui émanent vers l'extérieur, mais plutôt des lignes qui émanent vers nous. Dans notre cas, nous avons déjà commencé le dialogue avec le Musée d'art moderne de Bahia, la Résidence Domus à São Paulo, La Clinique à Oaxaca et la Maison de la Culture mondiale en tant que futurs partenaires possibles dans de telles collaborations. Le point d'agrégation étant que, en tant qu'institution, nous agirons comme un agrégateur d'informations, mais aussi d'institutions culturelles similaires ayant des affinités critiques. L'agrégation dans le premier sens est donc une partie très axée sur la recherche de l'organisation - recherche qui a déjà exploré les questions liées à la production et à la transmission des connaissances culturelles, puis à partir de là, en regardant d'autres genres d'art contemporain qui ont des intérêts partagés ou qui peuvent différer et offrir des possibilités de se compléter mutuellement. Un exemple réussi dans le monde de la danse contemporaine à Montréal a été Usine C avec le Festival Actoral et son théâtre de danse de Marseille. Dans un monde où la connectivité croît très rapidement, nous affirmons certainement que d'abord nous devons considérer comme très fragile ce qui est produit au niveau local, mais ensuite nécessairement des produits qui vont dans la direction de quelque chose au-delà du local et du national, en se tournant vers d'autres possibilités partagées avec des organisations culturelles et des initiatives culturelles mondiales similaires. L'agrégation en temps réel des organisations sœurs, l'agrégation en temps archivistique des informations artistiques liées aux expositions et aux performances, l'agrégation au sens d'être ce genre de pod d'où partent les lignes et où elles rentrent. Ce travail commencerait par l'étude de base des arènes et domaines culturels mondiaux et de la vision de l'existence de moyens et de fins similaires, aux côtés de nombreux agrégats amenant des personnes ou des organisations qui, pour le dire simplement, rassemblent les bonnes choses ou les bonnes personnes. L'agrégation étant le lieu vers lequel convergent les lignes - en tant que lieu, cette plateforme centrale reçoit toutes les nouvelles informations et personnes pertinentes qui arrivent à une organisation centrale.

Liée à l'agrégation, il y a la notion que le MALAM serait un grand archive. Une archive certainement des œuvres de la collection, mais surtout une archive des travailleurs et penseurs culturels des Amériques utilisant la collection comme tremplin pour la discussion, mais aussi en construisant un centre de documents et d'informations pour aller au-delà des modèles de la manière dont l'art a été et continue d'être abordé dans des sens monolithiques, dans le mode des approches muséales normatives. Pour cela, nous utiliserons de nouvelles technologies telles que le métavers, le Apple Lense et d'autres moyens d'aborder ce changement de paradigme sociétal de manière digne, intéressante et intelligente.

Il se pourrait que nous unissions nos forces dans la création d'un centre intellectuel de ce type, comme SIDHICA ou quelque chose du genre. L'objectif ici, en accord avec la notion d'agrégation, est de créer des liens avec d'autres centres d'archives documentaires relatifs à l'histoire de la production et de la transmission culturelle qui vont au-delà des approches normatives de l'histoire de l'art. Art Text de Montréal pourrait être un point de collaboration local,
tout comme les diverses archives de Concordia. Le Musée des beaux-arts de l'Ontario pourrait être un autre partenaire pour commencer le processus. Et notre contact déjà établi avec le musée HKW, qui se lance également dans une nouvelle mission d'élaboration d'expositions allant au-delà des régions ou écoles d'art traditionnelles.

Une autre mission serait de fournir un espace en tant que lieu pour les communautés, sans devenir de quelque manière que ce soit un centre communautaire traditionnel, mais en offrant un espace esthétiquement plaisant pour les réunions communautaires. Dans ce sens, l'espace devrait avant tout être un quatrième espace, un espace qui peut être utilisé de toutes les manières par ses visiteurs, étant finalement un espace de détente qui offre à tout moment au visiteur la possibilité d'explorer l'art exposé ou de plonger dans les archives. Contrairement à certains musées, l'accès à une partie des archives serait disponible sur rendez-vous. En tant que collection, nous serions également une institution artistique/muséale qui participe également aux acquisitions.
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